Rutshuru : L’assaut final contre les M23

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La dernière guerre contre les M23, un groupe rebelle constitué des congolais dont la réclamation se résume au retour des refugiés congolais se trouvant dans les pays de la communauté de l’EST (East African Community) se peaufine.

Qui a dit que la parabole de l’enfant prodigue s’appliquerait aux membres du M23 et à leur père Felix Tshisekedi ? Après des années de conflits opposant le gouvernement de Kinshasa et le M23, ce dernier a manifesté l’intérêt de se réconcilier avec son père, le président  Felix Tshisekedi Tshilombo comme l’avait fait le fils prodigue.  Pour preuve, les membres de ce mouvement  brandissent une artillerie des lettres qu’ils ont adressées à Tshisekedi depuis son ascension à la magistrature suprême.

Dans leur message de félicitation au président Tshisekedi lors de son élection, les membres du M23 célèbrent la venue du  président Etienne et croient au changement  intégral en RDC, lisez : « C’est un honneur pour nous de vous saluer et vous féliciter pour votre victoire méritée à l’élection présidentielle du  décembre 8 telle que proclamée par la Commission Electorale Indépendante, CENI, et, par la suite, confirmée par la Cour Constitutionnelle. Cette victoire est celle du camp du changement pour le progrès de notre pays ».

Y avait-il mieux que d’aller vers Tshisekedi et de lui promettre un soutien et surtout, de s’engager à l’aider à humaniser la partie Est de la république meurtrie par des centaines des groupes armés étrangers et nationaux, plus de 100 selon des rapports onusiens.

Cette volonté manifeste de se réconcilier avec la mère patrie,  se trouve clairement annoncée par Bertrand Bisimwa en ces termes : « Notre Mouvement se dit prêt à vous accompagner dans votre programme de pacification et d’humanisation de la vie dans l’Est du pays, de la résolution des causes profondes du cycle des conflits dans cette partie du pays et de la réconciliation nationale que vous avez fait le point central de votre programme politique ».

Faute de réaction de la part de Kinshasa, les membres du M23 ont continué à tendre la main au nouveau maitre de Kinshasa et pour preuve cette lettre  de Bertrand Bisimwa   adressée à Monsieur Ben Baruch Claude IBALANKY EKOLOMBA, Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi, MNS en sigle  en date du 15 juin 2019, lui demandant d’établir un calendrier de la mise en œuvre des accords signés en 2013. Lisez ceci, «  L’avènement d’un nouveau leadership dans le pays en janvier 2019 a certainement suscité l’espoir de voir, enfin, mis en œuvre l’ensemble des engagements contenus dans les déclarations de Nairobi pour la résolution pacifique des causes profondes des conflits et garantir une paix durable dans l’Est de la RDC.   C’est pour cette fin que je vous écris pour obtenir de votre part le nouveau calendrier des travaux ci-haut évoqués en vue d’apprêter l’équipe du Coordonnateur désigné du M23 ».

Nous apprenons que les membres du M23 ne se sont pas arrêtés à écrire au seul gouvernement de Kinshasa mais aussi aux témoins des engagements pris par Kinshasa à Nairobi en 2013. Dans une lettre datée du 26 octobre 2015, Bertrand Bisimwa demandait à la CIRGL et SADC de rappeler Kinshasa à l’ordre en respectant ses engagements. Lisez ceci de la part de Bertrand Bisimwa : « Notre démarche consiste, d’une part, à obtenir auprès de l’Organisation dont vous assumez la Présidence en Exercice, au mieux, une relance du processus de mise en œuvre des différents engagements ce dont nous vous garantissons notre entière disponibilité, au pis, un acte officiel constatant le refus catégorique du Gouvernement Congolais de respecter sa propre signature apposée au bas de sa Déclaration du 12 décembre 2013 et de le tenir pour responsable des conséquences qui en résulteraient ; de l’autre, appeler le Secrétariat Exécutif de la CIRGL à assumer correctement le rôle lui conféré par les Déclarations de Nairobi dans la stricte observance de ses obligations d’impartialité et de neutralité ». 

S’inspirant de la sagesse du prophète de l’Islam, qui avait dit à ses disciples: « Si la montagne ne vient pas vers nous, allons vers la montagne », les membres du M23 qui avaient déjà tout essayé pour ouvrir l’oreille de Kinshasa à leurs doléances, ont décidé d’envoyer une délégation de trois personnes qui ont séjournées à Kinshasa 14 mois durant lesquels des travaux importants avaient été abattus dans le sens d’intégrer les ex-militaires du M23  dans l’Armée Nationale et les permettre ainsi à apporter leur pierre à la pacification du pays.  

Soudain le père Tshisekedi va décider qu’il n’y aura  ni fête, ni réception pour le fils prodigue, comme dans la parabole de la bible,  mais au contraire une punition terrible, le sacrifier aux  dieux de la guerre, pour que son sang purifie tout l’Est de la république et le délivre du démon de la guerre, Amen, tel est le décret du Grand Maitre Tshilombo.

La reprise des affrontements entre les rebelles du M23 et l’armée de la République démocratique du Congo (RDC) dans la province du Nord-Kivu, située à l’est du pays, s’inscrivent dans cet esprit d’exterminer tous les membres du M23 se trouvant dans le Rutshuru et pourrait mettre un terme aux efforts entrepris depuis 2013 pour trouver un règlement négocié au conflit.
 
Ces nouveaux affrontements, qui, selon certains observateurs, comptent parmi les plus meurtriers depuis le début des offensives menées par  Kinshasa contre les M23, auraient fait des centaines des morts dans les deux camps et forcées des milliers des congolais  soit à l’exile en Ouganda ou à se déplacer à l’intérieur du pays pour se mettre à l’abri.

Que veut le m23 et que veut Kinshasa ?

Nul ne peut le dire mais selon Willy NGOMA porte-parole de ce mouvement, son mouvement veut négocier, discuter, privilégier  le dialogue en lieu et place de la guerre et par conséquent ils ont décrété un cessez le feu unilatéral pour preuve de leur bonne volonté.  Lisez Willy Ngoma : « Par conséquent, à dater de ce vendredi 1er avril 2022, notre mouvement décrète un Cessez-le-feu unilatéral pour permettre aux autorités du pays d’amorcer un dialogue pour un règlement pacifique de la crise qui nous oppose depuis plus d’une décennie ».

Peut-on croire à l’avènement de la paix ?  Possible mais les signaux envoyés par Kinshasa nous informent que la guerre ne fait que commencer. Le Général Major Peter Cirimwami remplace le Général de Brigade Mwehu LUMBU Evariste jugé incompétent et incapable de conduire à bon port la mission qui lui été assignée par Kinshasa, celle d’éradiquer les M23. Dès son arrivée dans le Secteur Opérationnel Sokola II, le Général Cirimwami aidé du Colonel MUNGULU Ignace  commandant second opérations,  multiplie des réunions avec  les commandants au front pour booster leur morale. Des renforts fusent de partout : une brigade de 5 000 hommes venus du Sud-Kivu renforce les positions de Rumangabo rendant ce camp militaire une forteresse insaisissable par les M23.

Deux brigades sont attendues en provenance de Kindu et Kisangani pour sécuriser la cité de Rutshuru. Une brigade de plus de 5500 hommes, uniquement des commandos bien entraînés, venus de l’Ituri se positionnent dans la cité de Bunagana considérée comme une cible stratégique pouvant être  attaquée par les rebelles du M23. Aux dire de la population qui traverse la frontière ougandaise, la guerre est imminente, les commandos sont prêts à en découdre une fois pour toute avec les éléments du M23. « On entendra plus parler des M23 dans les jours avenir, et notre exile est temporaire » renseigne un habitant de Rutshuru qui se met à l’abri de l’assaut final que le Gouvernement projette contre les M23. Les commandos ont demandee a la population de Bunagana de vider les lieux car l’assaut final contre les M23 est incessant.

« La rhétorique  du gouvernement de Kinshasa et les actions de l’armée congolaise, reflètent d’une stratégie cohérente mise en œuvre pour une solution finale dont le seul moyen d’y parvenir est de poursuivre  la confrontation militaire avec le M23 sur le terrain et renoncer à tout accord politique existant », renseigne Willy NGOMA.

Les combats favoriseront-ils le dialogue ?
 
Oui, si et seulement  si le M23 prenait  l’avantage des forces sur terrain, selon certains  analystes « Cela peut sembler paradoxal, mais pour qu’il ait des pourparlers ou un dialogue quelconque, il faut changer l’équilibre des forces sur le terrain. Les deux parties ne négocieront que si les FARDC perdent sur le terrain. Kinshasa n’a accepté de participer aux pourparlers de Kampala que parce qu’il avait perdu la ville de Goma en 2012 et qu’il était dominé sur le terrain ».

Cependant la situation semble ne pas être la même qu’en 2012 et Kinshasa le sait, il s’apprete à attaquer avec beaucoup d’avantages par rapport au M23, le plus important, le nombre. Kinshasa vient d’aligner plus de 10.000 hommes équipés avec des armes les plus sophistiqués, des missiles sol-sol qu’on utilise que dans les combats entre pays, des hélicoptères de guerre, des chars de combat, des BM d’origine tchécoslovaque, des mortiers de tout genre. Le M23 ne fera pas bouchée double certes, mais il aligne un seul avantage et pas de moindre, ses hommes combattent pour mourir, car ils n’ont pas d’autre choix.

En attendant que Tshisekedi gagne sa guerre, reçoive le prix Nobel de la paix pour avoir exterminé un pan de sa population, la rédaction de soleildugraben croit fermement que le dialogue est moins cher que la guerre.

La Rédaction.

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