Fragilisé après la constitution du RHDP, Henri Konan Bédié est vite passé à l’offensive en remaniant jeudi le secrétariat exécutif de son parti, le PDCI.
Depuis jeudi 19 juillet, Henri Konan Bédié a lancé sa grande opération de « reprise en main » du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Trois jours après la mise en place du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix unifié (RHDP unifié, parti de la mouvance présidentielle), il a ainsi démis de leurs fonctions, au niveau du secrétariat exécutif du PDCI, tous les ministres et présidents d’institution qui ont ignoré son mot d’ordre de boycott de l’assemblée générale constitutive du parti unifié.
« Je demande à tous les militants et militantes du PDCI-RDA de ne pas s’associer à cet événement, ni d’y participer », avait exhorté Bédié, trois jours avant l’événement. Un appel réitéré avec insistance, quelques heures avant la tenue de l’assemblée général constitutive, mais ignoré par les ministres et présidents d’institution issus du PDCI, sous pression aussi bien de leur parti que de la présidence de la République.
Des démissions réclamées
Tous, à l’exception de Kobenan Kouassi Adjoumani, président du mouvement « Sur les traces d’Houphouët-Boigny », qui a publiquement revendiqué son adhésion au RHDP unifié, s’y étaient rendus en qualité d’observateurs, une position médiane qui n’a pas suffi à rassurer Bédié.
Fragilisé par la création du RHDP, le Sphinx de Daoukro avait commencé à dérouler son rouleau compresseur dès le mardi. Lors de trois points de presse successifs, ceux de groupes de femmes, de structures de jeunesse et du groupe parlementaire du PDCI, des démissions avaient été réclamées envers des ministres de ce parti et celle d’Odette Agnéro-Ehui, la présidente de l’Union des femmes du PDCI au niveau urbain (UFPDCI), qui avait activement participé à l’assemblée générale du RHDP.
IL FAUT QUE NOUS RESTIONS ENSEMBLE COMME NOUS L’AVONS ÉTÉ À L’HÔTEL DU GOLF FACE À LA MORT ET AUX BOMBARDEMENTS », PLAIDE OUATTARA
En remaniant le secrétariat exécutif, qui compte désormais 24 membres contre 30 auparavant mais qui est toujours dirigé par Maurice Kakou Guikahué, Bédié tente donc de reprendre en main un parti profondément divisé entre partisans et pourfendeurs du parti unifié. Après avoir longtemps pratiqué un double jeu, dans l’intention de concilier les deux camps, il a décidé de jouer carte sur table.
Si cette stratégie met à mal la cohésion au sein de la mouvance présidentielle, avec en toile de fond la présidentielle de 2020, elle semble le repositionner favorablement auprès des bases de son parti, majoritairement hostiles au RHDP.
Sur les réseaux sociaux, la démission des « Judas » est applaudie, aussi bien dans les groupes proches du PDCI que de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, ou de l’opposition, toutes tendances confondues.
Pour sa part, le président Alassane Ouattara, nouveau président du RHDP unifié, espère que Bédié reviendra prendre sa place de président d’honneur du RHDP, dans le train déjà en marche. « Il faut que nous restions ensemble comme nous l’avons été à l’hôtel du Golf [lors de la crise post-électorale de 2011, ndlr] face à la mort et aux bombardements. Nous devons travailler main dans la main pour transférer le pouvoir à une nouvelle génération », a souligné Alassane Ouattara.