1400 kilos de bronze sur Tshatshi. Culture : Thomas Luhaka dans la revalorisation de l’art congolais

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‘’C’est toi qu’il faut regarder, non autour de toi‘’, disait Eugène Delacroix. Il brosse ici la vive expérience qui scrute le monde extérieur et visible en recourant au langage de la raison. C’est la quintessence même de l’historique œuvre ‘’Les Esclaves‘’, présentée, le  samedi 21 juillet dernier, par la Fondation Thomas LUHAKA et les «Ateliers de Kinshasa», sur le Boulevard Tshatshi. Conçue par l’artiste PENENGE en 1953, ce monument d’art en bronze lourd de 1400 kg vient couronner la deuxième exposition, après la première revigorée par quatre édifices du genre, sur le même espace qui s’est transformé en un lieu d’attraction quasi-touristique.

Il est évident qu’au-delà de la morosité que propose le quotidien, l’art invite tout le monde à l’exploration de l’esprit, à la transcendance des divergences sociales pour la conquête d’une âme collective, socle de la Nation. C’est dans cet esprit que M. Thomas Luhaka s’est essentiellement engagé au travail de revalorisation de l’art congolais notamment, par l’exposition de différents monuments le long du Boulevard Tshatshi. ‘’Le talent congolais est éternel‘’, a-t-il lâché à l’épicentre de son propos.

L’artiste donne ainsi un nouveau sens aux formes,  couleurs, sons, mots et même,  aux images du monde environnant. A travers son don et son expérience intérieure, il fait découvrir au grand public ses états d’âme et son âme, parfois. Et,  il peut aller beaucoup plus loin en faisant sentir, bien au-delà de la nature humaine, l’essence même des choses. Sans équivoque, en cet instant magique, l’art devient sacré.

C’est ce qui a valu, en effet, sous le doux et tendre soleil sabbatique, la présence de plusieurs autorités dont le Ministre de la Santé Publique, Oly Ilunga, mais aussi des membres du corps diplomatique en ce lieu. Heureux de cet engouement qui se manifeste par des visites et de prises de photos, le responsable de la Fondation Thomas Luhaka dont il porte le nom a avoué que ‘’nous étions loin d’imaginer l’intérêt que cette exposition pourrait susciter auprès de milliers de nos compatriotes‘’.

‘’Les Esclaves‘’

Ce monument fait en Laiton explique, entre autres, le choix qui plane entre deux attitudes. La première, celle de l’esclave à droite, démontre à quel point celui-ci est effondré et désespéré alors que l’autre regarde le ciel avec un brin d’espoir pour l’avenir…

Ce qui est une très importante leçon. Mais,  il y a une autre interprétation sur le fond de cette œuvre. Comme l’explique Thomas Luhaka, les africains ont subi dans les temps l’esclavagisme pendant cinq siècles. Et cette masure donne l’impression, sur l’esclave de droite, que pendant tout ce temps, les africains ont invoqué le mal des ancêtres, convaincus que ceux-ci sont au sol pour leur porter secours sur la terre. Et l’autre en train d’invoquer le Dieu du ciel. Toutefois, rien n’a été fait malheureusement. D’où, la conclusion que pendant cinq siècles, ni Dieu, ni les ancêtres ne les ont entendus.

Cependant, aussi belle que peut être une œuvre, c’est l’interprétation qui est censée lui conférer un sens. Et l’interprétation n’existe que lorsqu’il y a consensus pour l’écoute du discours d’autrui. C’est ainsi que l’interprétation de l’art est un convive à la culture de la tolérance. Ici, doit être acceptée l’idée d’une compréhension différente à la sienne propre, mais aussi la diversité des points de vue. ‘’Si nous voulons aller à la rencontre du beau et du vrai, nous devons alors faire de la pluralité d’idées et d’opinions le fondement d’un enrichissement collectif‘’, a paraphrasé Thomas Luhaka Losendjola.

Pour rappel, la première exposition sur le Boulevard Tshatshi était une idée de la Fondation Thomas Luhaka, encouragé par les amis de l’art et de la culture. Il s’agissait donc de quatre monuments en bronze, à savoir : ‘’Le Danseur MOKUNGO‘’, ‘’L’Archer‘’, les deux du même artiste, André LUFWA. Mais également ‘’Le Messager ‘’ de NGINAMAU, et ‘’Losendjola‘’ de Ngudimosi.

Boris Luviya

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