Pourquoi les jeunes de la Force du Progrès suscitent de l’inquiétude

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Les activités des jeunes qui se présentent comme membres de la Force du Progrès soulèvent des questions au sein de l’opinion congolaise depuis des années. Certains acteurs de la vie socio-politique accusent le groupe d’usurpation de fonction, se substituant parfois aux forces de l’ordre.

L’épisode le plus récent date d’il y a un peu plus d’un an. Après des manifestations de l’opposition du 20 mai 2023, la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), a affirmé que ses moniteurs ont remarqué une certaine proximité entre les forces de l’ordre et des civils armés des machettes, bâtons, pierres, etc.

« Certains éléments de la Police nationale étaient porteurs des mêmes outils de violence qu’ils échangeaient visiblement avec des individus en tenue civile, dont certains portaient le dorsal B.S.U ou Brigade Spéciale de l’UDPS, Force du progrès » déclare un communiqué de la CENCO.

« Avec une telle complicité affichée publiquement, on se demande si cette Brigade Spéciale n’est pas une milice officiellement entretenue » s’interrogent les prêtres catholiques.

Les moniteurs envoyés par l’Église catholique sur terrain pour suivre ces manifestations ne sont pas les premiers à alerter sur la B.S.U.

En début mai 2022, une vidéo circulait sur la toile montrant des hommes en tenue militaire de couleur kaki, portant un béret rouge. Leur tenue porte la mention B.S.U, Brigade Spéciale de l’UDPS, Force du progrès.

Dans la vidéo de moins d’une minute, on entend un homme expliquer en lingala : «Ceux-ci sont des éléments qui ont reçu une formation accélérée pour protéger l’UDPS, Force du progrès. Il y a des gens qui veulent fragiliser l’UDPS pour diminuer l’influence de l’UDPS, Force du progrès. Mais, ils ne réussiront pas. »

eux semaines plus tard, la coordination des organisations de la société civile de Lualaba, dans le sud du pays, saisit le président de la République Démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi par écrit.

« Le parti au pouvoir se prépare-t-il pour emmener le pays dans une guerre civile ? Si oui, pourquoi ? Sinon, pour quel intérêt former une milice et tolérer l’existence de tant d’autres ? » questionne la correspondance datée du 19 mai 2022. Elle faisait allusion à la vidéo des éléments de la B.S.U qui circulait sur internet.

Il faudra attendre un mois avant que la Brigade Spéciale de l’UDPS ne fasse encore parler d’elle. Cette fois, des hommes en tenue civile et d’autres en uniforme de la B.S.U effectuent une descente dans un quartier de Kinshasa où ils procèdent à la fouille des voitures. Ils cherchent des personnes à la morphologie nilotique. Ils les soupçonnent d’être en connivence avec les rebelles du M23 qui attaquent l’armée loyaliste dans l’Est du pays.

Ces images, qui rappellent des scènes des documentaires sur le génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda, choquent le monde. Des condamnations fusent de partout.

Le soir même, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, UDPS, publie un communiqué.

« L’UDPS condamne avec véhémence les vidéos qui circulent dans les réseaux sociaux montrant quelques individus clairement identifiables s’acharnant sur d’autres citoyens, rependant les discours tribalistes et xénophobes. Elle ne reconnait pas ces personnes comme faisant partie de ses rangs et les désavoue totalement » signe-t-il.

Le communiqué de l’UDPS qualifie ces faits de « cabale savamment montée de toute pièce par des ennemis qui tentent cyniquement de ternir l’image de marque de notre pays sur le plan international. »

Quelques jours plus tard, la police nationale congolaise a annoncé l’arrestation des personnes accusées d’avoir participé à cette opération de la B.S.U.

C’est dans ce contexte que Juvénal Munubo, à l’époque député national, a adressé une correspondance à Daniel Aselo Okito qui etait vice-Premier Ministre, Ministre de l’intérieur. L’élu du Nord Kivu voulait comprendre le rôle de la B.S.U au sein du parti au pouvoir. N’ayant pas reçu de réponse écrite, Monsieur Munubo a déclaré avoir discuté de la question avec les responsables du parti présidentiel.

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